Penanguer, ou en breton « Pen an Ker », c’est le bout du village. C’est aussi le nom d’une arrière-grand-mère que je n’ai pas connue, habitant cette rude contrée du centre de la Bretagne où je n’ai pas vécu, parlant une langue qui ne m’a pas été transmise, et ne sachant sans doute ni lire ni écrire ou si peu, comme tous ces paysans qui peuplent mon arbre généalogique, et qui devant l’officier de l’état-civil le jour de leur mariage, interpellés de signer, ont déclaré ne le savoir faire.
Exilé donc que je suis de la terre et de la langue de mes ancêtres, il ne me restait plus qu’à labourer et semer le champ des mots de cette autre langue qui m’a été donnée en héritage, la langue des villes, de l’école de la république. Cette terre qui paraît ingrate à beaucoup s’avère généreuse à qui prend le temps de la travailler. Elle m’a rendu mes efforts au centuple.
Mon premier roman Anachroniques est le fruit de ce labeur. Et de ce bout du village de l’écriture, je suis descendu un peu timide et maladroit au centre du bourg pour en parler à tous ceux qui vivent là, et savent comment on doit écrire, comment on fait pour publier. Je n’ai pas de honte, comme mes ancêtres, à déclarer ne le savoir faire. En tout cas je ne sais certainement pas faire comme il faut. Mais je peux tenter de vous raconter un peu comment à ce bout-ci on laboure, sème et moissonne les mots selon les saisons.
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