Comme un roman

Je viens – enfin – de prendre le temps de déguster Comme un roman de Daniel Pennac. Cela faisait bien longtemps que je tournais autour, au nom justement du droit imprescriptible de ne pas lire.
J’avoue ne pas regretter avoir retardé le plaisir de cette lecture car dans le contexte des discussions que je vois passer ici et là sur les misères de l’auto-édition, la course aux étoiles et la médiocratie triomphante elle est encore plus jubilatoire.
Pennac l’a écrit en 1992, deux ans avant la création d’Amazon. Je pense qu’il n’en changerait pas une ligne aujourd’hui (enfin à sa place je ne changerais rien). Du chapitre « Le droit de lire n’importe quoi », cet extrait, à propos de la « littérature industrielle » :

Ne pas croire que ces idioties sont un phénomène récent, lié à l’industrialisation du livre. Pas du tout. L’exploitation du sensationnel, de la bluette, du frisson facile dans une phrase sans auteur ne date pas d’hier. Pour ne citer que deux exemples, le roman de chevalerie s’y est embourbé, et le romantisme longtemps après lui. A quelque chose malheur est bon, la réaction à cette littérature dévoyée nous a donné deux des plus beaux romans qui soient au monde : Don Quichotte et Madame Bovary.

Et de conclure le chapitre par

Une des grandes joies du « pédagogue », c’est – toute lecture étant autorisée – de voir un élève claquer tout seul la porte de l’usine Best-seller pour monter respirer chez l’ami Balzac.

A force de lire, même n’importe quoi, on finira par aimer lire ce qui mérite de l’être. Restons sur cette note optimiste pour aujourd’hui, si vous voulez bien.

 

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