Quand j’ai posé « Parure des Songes » sur monBestSeller.com voilà à peine trois semaines, je venais de découvrir ce site un peu par hasard. Un contact avec Elen Brig Koridwen sur Google+, m’a conduit à rejoindre un groupe facebook, moi qui avais juré dans toutes mes vies antérieures ne jamais y mettre les pieds, et me voilà parlant avec des auteurs indépendants, des lecteurs, des chroniqueur(se)s. Et sur mBS le bon usage semble vouloir qu’on commente les livres des autres si on veut que les autres vous lisent et vous commentent en retour, difficile donc de ne pas succomber au piège de ce monde bavard, même si on a envie de paraphraser Jacques Brel.
Lire cela n’est rien
Lire la belle affaire
Mais commenter … ô commenter
J’ai de fait posé quelques lignes rapides ça et là, pour encourager des auteurs qui me paraissaient sympathiques, et je pensais écrire quelque chose d’un peu plus fouillé pour les Palimpsestes futurs, de J-C Heckers, dont je viens de terminer la lecture. Mais je me rends compte que je ne suis pas fait pour ce genre d’exercice. Lire en sachant que j’aurai à commenter semble distordre ma lecture. Je lis avec des arrière-pensées, je ne suis plus une cruche vide en ouvrant le livre.
Comment faites-vous donc, chroniqueuses qui gérez vos piles avec ordre et méthode, en vous fixant et en respectant des échéances? Arrivez-vous à lire avec l’esprit ouvert, pour ensuite vous poser et réfléchir à ce que vous avez lu? Ou bien êtes-vous en vigilance permanente, prenant des notes au fur et à mesure, cherchant à chaque page ce que vous allez bien pouvoir écrire de ce quantième livre de la pile à lire pour pouvoir passer au suivant?
Je préfère garder cela au-delà de l’horizon brumeux de l’inscrutable. À chacun son métier. Je n’écrirai pas de chroniques, c’est un exercice trop difficile pour moi. Je continuerai d’écrire mes anachroniques, et de lire sans commentaire. Ami(e)s auteur(e)s ne prenez pas mal ce silence, si ton livre s’enracine en moi il en repoussera bien quelque chose dans une écriture future, à l’endroit et au moment les plus inattendus. Et j’ose espérer que mes lignes feront de même en toi. L’intertextualité est une chose souterraine et silencieuse, qui appartient au nécessaire hiver de l’écriture.
Ah, mais lire pour commenter, c’est tout fausser. Et commenter pour être commenté, c’est juste tenter d’aller pêcher des lecteurs: à quoi bon?
Personnellement, je ne serai jamais chroniqueur non plus. Il y a des romans qui se lisent lentement, pour lesquels l’appréciation s’enracine sans hâte. Dans la fuite en avant qui exige qu’on dévore pour recracher aussi sec, prendre son temps est un péché: certains ont l’œil fixé sur le classement, toute bonne appréciation permet de se maintenir à flot parce qu’elle attire l’attention. (Une mauvaise permet aussi, en tout cas sur monBestSeller, de gagner des places.) Chroniquer réclame de se fondre dans le flot des actualités livresques, donc de consacrer un temps plus ou moins comparable à chaque ouvrage, ce qui ne permet pas de s’attarder. On se précipite plutôt, et j’ai le sentiment qu’on bâcle inutilement son plaisir. Lorsque je croise un « coup de cœur absolu », je me demande même si cela a encore un sens.
Il reste la possibilité d’évoquer les livres sur lesquels on s’est attardé, qui vous ont retenu, et même là il est parfois inutile de discourir. Souvent, ce n’est pas après une première lecture que j’arrive à en parler, mais au bout de la deuxième ou de la troisième. Parfois, jamais, même (ou surtout) lorsqu’ils se sont imposés en moi comme incontournables. Je n’ai plus envie de bavarder sur un ouvrage qui m’aura marqué, car je sais qu’au fond il ne s’agirait plus de lui mais de moi, lecteur-auteur influencé en profondeur de telle ou telle manière, un peu obscure, difficilement explicable. Mieux vaut alors, patiemment, attendre les résurgences.
De toute manière, chroniquer, c’est rester fugace. Je préfère observer comment un livre se force un passage dans ma mémoire, et comment il il devient source. Et pour ça, il n’y a pas tellement de mots.
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Jean-Christophe, j’aurais dû vous laisser écrire le billet, vous dites tout ça bien mieux que moi! Le livre qui se force un passage et devient source, la résurgence des mots… belle métaphore!
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[…] aujourd’hui mon écriture, par ces résurgences profondes dont parlait si bien J.-C. Heckers ici récemment. Des livres lus sans aucun doute en état d’amour. Amoureux de quoi? Du livre? Des […]
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Voilà pourquoi je ne prends pas de note quand je lis. En réalité, j’ai essayé mais ça ne donne rien. Je lis selon mes envies et propose toujours un délai large aux auteurs, ce qui me vaut de ne jamais être prise par le temps.
La lecture juste pour le commentaire ? ça non ! Je choisis mes lectures avec attention, je lis le résumé, je m’attache à la couverture, il n’y a donc rien de surprenant à ce que je ne sois pas souvent déçue.
Encore faut-il en revenir à la définition même de la chronique. Je ne suis pas rémunérée, on ne m’impose rien, c’est simplement un plaisir de partager avec des personnes, qui, comme moi, aiment lire. Le but étant de transmettre une émotion ou un simple ressenti tout à fait personnel (et de ce fait, subjectif) à un public en quête d’une belle aventure littéraire.
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[…] perche au détour d’un petit échange de messages. Mais je ne pouvais pas déjà contredire ce que j’ai écrit naguère, donc comme annoncé dans le titre ceci n’est pas une chronique (en bonne et due forme). […]
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